Une démarche anti-climatique, anti-emploi, anti-européenne et anti-savoir
19 juin 2025 : les députés Les Républicains ont fait adopter l’amendement n°486, instaurant un moratoire sur l’éolien et le photovoltaïque, qu’il soit terrestre ou maritime. Concrètement, cela reviendrait à geler l’instruction de tout nouveau projet ou renouvellement d’autorisation, sans limite de durée.
Le même jour, la science confirme que le seuil des +1,5°C sera dépassé. La réponse politique ? Freiner les énergies renouvelables. Pas de pause sur les fossiles, pas de pause sur l’inaction. Mais une pause sur le solaire.
À rebours des enjeux, au mépris du climat, de l’économie locale, et de l’intérêt général. Chez Ferme Solaire, on continuera de rappeler que l’avenir ne se construira ni dans l’obscurité, ni dans le renoncement.
Porté par des députés du groupe Droite Républicaine, l'amendement 486 vise à instaurer un moratoire général sur tous les nouveaux projets photovoltaïques et éoliens, au nom d'une soi-disant "réflexion" sur le mix énergétique. Ce moratoire interdirait toute nouvelle demande de permis, de raccordement ou d'autorisation tant qu'une étude supplémentaire n'aurait pas été réalisée.
Mais cette posture n'est ni neutre, ni rationnelle. Elle est directement alignée avec une vision strictement pro-nucléaire, incarnée notamment par Laurent Wauquiez, qui refuse tout soutien à l'éolien dans sa région et fait du tout-nucléaire un credo politique. Et surtout, elle est incompatible avec les engagements climatiques et énergétiques européens de la France.
Elle s'oppose également à la mobilisation d'une filière industrielle, agricole et locale, qui – depuis plus de dix ans – construit en France même une véritable souveraineté énergétique basée sur les territoires.
Faux. L’argument avancé par l’amendement 486, selon lequel la prolifération des projets photovoltaïques et éoliens « entraînerait une hausse des prix de l’électricité pour les particuliers et les entreprises », ne repose sur aucun fondement économique sérieux. L’idée que le photovoltaïque et l’éolien feraient monter les prix de l’électricité est une contre-vérité économique. Plus d’EnR, c’est moins de dépendance au gaz, un coût de production faible, et une pression à la baisse sur les prix de marché. C’est précisément parce que les EnR sont compétitives que le moratoire proposé est absurde.
Voici pourquoi :
Le marché européen de l’électricité fonctionne sur le principe du “prix marginal” : c’est la dernière centrale appelée pour répondre à la demande qui fixe le prix global du kWh. Or, ce sont les centrales à gaz (ou charbon) qui occupent ce rôle en période de tension.
Les EnR, en revanche, ont un coût marginal quasi nul (le vent et le soleil sont gratuits) : elles font mécaniquement baisser les prix de marché lorsqu’elles sont en grande quantité dans le mix.
Plus d’EnR = prix moyen de gros plus bas, comme cela a été observé en Espagne, en Allemagne et dans le sud de la France lors des pics de production solaire.
Entre 2021 et 2023, la hausse des factures d’électricité résulte :
Les EnR n’ont joué aucun rôle inflationniste structurel, au contraire : elles ont amorti les chocs.
Selon la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) et RTE :
L’extension des EnR est un levier pour stabiliser et maîtriser durablement les prix.
Certains défenseurs du moratoire utilisent l’Allemagne comme contre-exemple. Or :
Faux. D'après l'étude ADEME 2025, un mix 100 % EnR permet une réduction de 40 milliards d'euros/an de la facture énergétique des ménages en 2050. Le PIB est supérieur de 3,6 à 3,9 % au scénario tendanciel. Coût moyen du MWh : 103 à 138 €. Les modèles macroéconomiques (ThreeME) confirment la rentabilité globale du basculement vers un mix 100 % renouvelable.
Faux. L'ADEME montre que l'équilibre offre-demande est assuré même à 100 % EnR, grâce à la diversité des sources (solaire, éolien, hydro, biomasse), au stockage (court et long terme), à l'effacement et aux flexibilités. Tous les modèles confirment la stabilité systémique même en cas de vague de froid ou de période sans vent.
Faux. Le SER et Enerplan alertent sur 100 000 emplois directs et indirects menacés. Le solaire emploie déjà 67 000 personnes, en croissance continue. ADEME projette jusqu'à 900 000 emplois nets supplémentaires d'ici 2050. La France raterait le virage de la relocalisation industrielle (modules, onduleurs, stockage).
Faux. Nous disposons déjà de l'étude ADEME (2025) sur le Mix Électrique 100% renouvelable, du rapport RTE 2021-2035, des projections du Haut Conseil pour le Climat, des scenarii de l'Agence Internationale de l'Énergie. Ce qu'il manque, c'est la volonté politique, pas les données.
Faux. Ce que la réalité du terrain nous apprend, c’est tout l’inverse de l’image catastrophiste véhiculée par les défenseurs du moratoire.
Entre l’identification d’un terrain propice et la mise en service effective d’un projet photovoltaïque ou éolien, il s’écoule en moyenne entre 5 et 10 ans :
Rien ne se fait dans la précipitation. Rien ne se fait sans contrôle.
Chaque projet est co-construit avec :
Et peut être bloqué à tout moment s’il ne respecte pas les règles.
Dire que « les EnR s’imposent » est une fake news.
Ce sont des projets concertés, réglementés, arbitrés, bien plus que dans de nombreux secteurs d’aménagement du territoire.
Le nombre de propriétaires volontaires et de collectivités candidates ne cesse d’augmenter. Ce n’est pas une « invasion », c’est une demande de terrain, qui répond :
L'amendement 486 viole les engagements de la France vis-à-vis de l'UE :
Ce moratoire mettrait la France en infraction européenne : sanctions potentielles de la CJUE, perte de financements (Fonds de transition juste, Horizon Europe), affaiblissement de la stratégie européenne. Il porterait également atteinte à la coopération régionale sur les interconnexions, les flexibilités, et les marchés de capacité.
L'amendement 486 a été adopté par 65 voix contre 62, sur un total de 577 députés. Moins de 23 % de l'Assemblée était présente. Cela signifie que plus de 450 députés étaient absents au moment d'un vote crucial sur l'avenir énergétique du pays.
Cette adoption à bas bruit, sans grand débat médiatique, sans motion ni explication de vote majoritaire, pose une question grave de légitimité démocratique. Elle appelle une réaction de l'opinion publique.
Ce texte incarne un repli politique et technologique, hostile aux dynamiques industrielles et territoriales actuelles. Pendant que l'Allemagne déploie massivement le PV, que l'Espagne structure ses écosystèmes agrivoltaïques, que le Danemark booste ses exports éoliens offshore, la France se propose de suspendre le mouvement.
L'amendement 486 s'oppose à :
La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) fixe les objectifs de développement des énergies renouvelables en France. Et ces objectifs ne sont déjà pas atteints :
Voter un moratoire, c’est enterrer la PPE. C’est abandonner la planification. C’est saboter l’intérêt général.
Le dessous des cartes - Eolien-solaire : une révolution ? - ARTE - Émission du 31/08/2024
Ce documentaire d’ARTE renforce notre posture : l’intégration raisonnée de l’éolien et du solaire n’est pas une option, c’est une destination mondiale, un levier d’industrialisation, une révolution tarifaire.
Notre message s'enrichit ainsi :
Nous appelons chacune de vos institutions à mettre un coup d’arrêt clair à l’amendement 486, qui propose un moratoire généralisé sur les énergies renouvelables. Ce texte repose sur des affirmations infondées, contredit les engagements européens de la France, affaiblit notre souveraineté énergétique, menace 100 000 emplois, et rompt avec l’esprit de progrès, de responsabilité et de transition auquel notre pays s’est engagé.
Vous êtes les derniers remparts d’une politique énergétique cohérente, fondée sur la science, l’intérêt général et l’avenir des territoires. La France ne peut pas suspendre son avenir énergétique sur la base d’un vote minoritaire, biaisé idéologiquement, et économiquement suicidaire.
Nous vous demandons solennellement de rejeter, corriger ou censurer cet amendement, pour protéger ce qui doit l’être : le climat, l’emploi, la démocratie énergétique et la voix de la raison.
Nous appelons les collectivités, entreprises, citoyens et agriculteurs à défendre les EnR comme outil de justice, de souveraineté et de résilience. Il ne s'agit pas de choisir entre le nucléaire et le renouvelable. Il s'agit de sortir des postures et de regarder les faits.
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